Un jeu que nous aurons attendu avec une impatience certaine, et que, en dépit du grand nombre d'annonces qui ont été faites à son sujet, ne verra pas le jour chez nous. Pourquoi? Parce qu'Atari, le partenaire Français d'Atlus, a refusé d'en acheter la license. Résultat: L'Angleterre possède ce jeu, mais pas nous.

Toutefois, l'achat en import Anglais ne coute pas tellement plus cher qu'un jeu neuf en France. Par ailleurs, les consoles anglophones obéissant à la même reglementation technique PAL que les notres, jouer à un jeu anglais est tout à fait possible sans puce, ni freeloader. Enfin, comme la grande majorité des jeux Atlus (Persona 3, Shin Megami Tensei, etc) ne sont pas traduits en Francais en dépit de leur sortie sur l'hexagone, le fait que ce jeu soit en anglais ne change rien.

On  pourrait alors se demander l'intérêt que de parler, ou plutôt en l'occurrence, de faire le test d'un jeu que la grande majorité des gens ne prendront pas la peine d'acheter. Oui mais voila, ce serait passer à côté d'une des merveilles du jeu vidéo. Un produit rare comme il n'en n'existe peu, et qui déplaira autant à ses détracteurs qu'il deviendra indispensable à ses fans. Un jeu de tous les excès, qu'il est de mon devoir de vous présenter, comme l'un des RPG les plus originaux de l'histoire du Jeu Vidéo.

Procédons dans l'ordre. Tout d'abord l'histoire:

Vous êtes un individus ignorant tout de son identité, mais aussi du monde dans lequel il évolue. Vous débutez le jeu avec pour seul appui une cinématique de 30 secondes, qui ne vous donne aucun des éléments scénaristiques nécessaire à la compréhension de ce qui se passe. Etrange me direz-vous? Oui. Mais avant d'essayer de jouer à Baroque, il est important de comprendre le concept même du jeu, le fil conducteur de sa philosophie : Le Chaos. Tout dans ce petit bijou se base sur la notion de Chaos, de désordre, de perte et de désolation. Tout... jusqu'au déroulement même du jeu.

Les révélations scénaristiques vous sont données de manière décousue, et selon vos actions et/ou vos performances dans le jeu, il se peut que vous le finissiez en manquant de trois ou quatre éléments clés à la compréhension de l'histoire. Tout est décousu, et à aucun moment un résumé global ne vous aide à vous repérer. C'est à vous de faire la démarche de tout réécouter, voire de tout noter, pour vous rendre compte que plus qu'un désordre sans nom, le scénario de Baroque est un des scénario les plus complexes et les plus emplis de références qui soit.

Vous devrez explorer la NeuroTower, gigantesque tour composée d'une cinquantaine d'étages, afin de retrouver les fragments de votre mémoire, et même de votre identité réelle...

Autre originalité du jeu: la Mort. A chacune des morts 'importantes' de votre personnage, un nouvel élément scénaristique vous est donné, et de nouveaux passages s'ouvrent. La mort vous fait avancer. Mourrir vous permet de découvrir. Recommencer vous permet de comprendre.

 Il est extrêmement difficile d'expliquer l'étendue de ce concept. Aussi, y jouer sera encore le meilleur moyen pour vous de vous en rendre compte.

Passons au test concret.

Graphiquement le jeu ne brille pas par ses prouesses techniques. En revanche, force est de constater que le soin apporté à l'ensemble de l'Univers de Sting est d'une qualité remarquable. Cohérent et original, dans la droite lignée de la conception chaotique que nous offre le jeu, rempli de personnages pittoresques et fascinants, et doté d'un bestiaire ahurissant, Baroque nous plonge dans un monde que les fan de post-apocalyptique ne pourront qu'aprécier.

Scénaristiquement, les secrets du jeu et l'étendue philosophique que  nous propose chaque rencontre de manière implicite impose une réflexion profonde. Enfin un jeu 'intelligent'. Un jeu à la première lecture simple voire simpliste, mais aux ambiguités telles qu'il est impossible de s'arrêter à une première interprétation. Ceux qui sauront lire entre les lignes et à travers les énigmes trouveront ici un plaisir intellectuel sans nom.

Au niveau du gameplay, c'est là que le bas blesse. Baroque aura en effet mis l'effort sur son univers, son ambiance, son design et son scénario, au détriment de son gameplay. Le concept de Dungeon-RPG, s'il implique déjà une certaine répétition voire un certain ennui, n'est ici que plus poussé de par la notion extremement répétitive de la Neuro Tower. En effet, si mourir fait avancer le scénario, vous devrez reprendre la tour de 0 à chaque fois, espérant toujours atteindre un étage supérieure à l'essai précédent, dans l'espoir d'obtenir de nouvelles révélations. Si ce concept s'accorde aussi au Chaos global, il en dérangera et en découragera plus d'un. Dommage.

Pour finir, la durée de vie. Si la ligne droite peut être bouclée en 15-20h en courant pour éviter les monstres, la résolution totale du scénario, l'acquisition de tous les objets secondaires et de toutes les cinématiques, ainsi que la remise en ordre de la vérité par vos soin, risque de vous occuper pendant de très longues heures de jeu. Une richesse qui n'en finira pas de vous surprendre.

Au final, Baroque s'impose comme un jeu unique. Ceux qui seront bloqués par ses graphismes ou son gameplay le détesteront comme un produit inutile, ceux qui privilégient le scénario et l'ambiance le béniront comme un messie. Il est impossible de rester de marbre en face de pareille création, tant tous les choix qu'il implique sont extrêmes. Aussi, il est évident que les notes qui vont suivre sont celles d'un avis appréciable, et je mettrai en commentaire celles d'un avis détracteur.